
- Lecture du poème
- Introduction
- Analyse littéraire
- Analyse des figures de styles
- Oeuvre choisie
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. Par delà des vagues de toits, j’aperçois une femme re, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si c’et été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même. Peut-être me direz-vous : « Es-tu sr que cette légende soit la vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

Les fenêtres de Charles Baudelaire, 1869, Petits poèmes en prose
Poème en prose. Il n'y a donc que des rimes internes
Poème en prose composé de cinq courts paragraphes. Deux paragraphes monophrastiques entre les deuxième et cinquième paragraphes.
Celui qui regarde du dehors à travers une fenêtre ouverte, ne voit jamais autant de choses que celui qui regarde une fenêtre fermée. Il n’est pas d’objet plus profond, plus mystérieux, plus fécond, plus ténébreux, plus éblouissant qu’une fenêtre éclairée d’une chandelle. Ce qu’on peut voir au soleil est toujours moins intéressant que ce qui se passe derrière une vitre. Dans ce trou noir ou lumineux vit la vie, rêve la vie, souffre la vie. Par delà des vagues de toits, j’aperçois une femme re, ridée déjà, pauvre, toujours penchée sur quelque chose, et qui ne sort jamais. Avec son visage, avec son vêtement, avec son geste, avec presque rien, j’ai refait l’histoire de cette femme, ou plutôt sa légende, et quelquefois je me la raconte à moi-même en pleurant. Si c’et été un pauvre vieux homme, j’aurais refait la sienne tout aussi aisément. Et je me couche, fier d’avoir vécu et souffert dans d’autres que moi-même. Peut-être me direz-vous : « Es-tu sur que cette légende soit la vraie ? » Qu’importe ce que peut être la réalité placée hors de moi, si elle m’a aidé à vivre, à sentir que je suis et ce que je suis ?

Ce poème en prose est donc moderne d'abord par sa forme non versifiée, et également par son sujet qui traite d'ce aussi au lyrisme de cette réflexion du poète sur son art et sur lui-même.
Le poète peintre, ici, arrive a faire naitre un cadre de peinture grace aux contrastes et aux figures de styles.
Le poète se définit ici comme un créateur de légendes qui prend en charge la misère du monde pour la transformer : c'est bien le rôle que Baudelaire s'attribuait déjà dans l'épilogue pour la 2ème édition des Fleurs du Mal : « Tu m'as donné ta boue et j'en ai fait de l'or » disait-il au monde : en effet, comme un alchimiste, il transforme la boue en or, le mal en beauté (<< fleurs >>).